CRITIQUE | «La Cage aux folles»: à hurler de rire!

TOMA ICZKOVITS

Bruno Lapointe

Mercredi, 9 octobre 2024 11:30
MISE À JOUR Mercredi, 9 octobre 2024 11:30

Une surenchère de plumes et de paillettes, un texte 100% québécois savoureux et, surtout, un Alex Perron franchement épatant: la nouvelle mouture de La Cage aux folles s’impose déjà comme le spectacle le plus drôle à avoir pris l’affiche au Québec depuis très, très longtemps. 

L’idée de faire renaître les personnages de La cage aux folles sur scène, à Montréal, était culottée. Après tout, les temps semblent avoir beaucoup changé depuis la création de cette œuvre culte, sur la scène parisienne, en 1973.

Mais en décidant de transporter l’intrigue de la Côte d’Azur jusque dans le Village gai de la métropole, le metteur en scène Joël Legendre nous octroie une plus grande proximité avec ces personnages plus grands que nature, jetant du même coup un regard neuf sur l’œuvre de l’auteur Jean Poiret.

 

Les personnages s’expriment donc dans une langue bien de chez nous et, surtout, ils multiplient les références aux Michèle Richard, Serge Laprade et autres Guilda, tous bien connus du public d’ici.

L’intrigue, quant à elle, demeure tout de même inchangée; on y fait la connaissance d’Albin et Georges, un couple gai propriétaire d’un populaire cabaret de drag-queens. Leur routine est toutefois chamboulée par la visite du fils de l’un d’eux leur annonçant son intention de se marier… et de leur présenter sa belle-famille particulièrement conservatrice.

 
Marcel Leboeuf et Alex Perron dans une scène de «La Cage aux folles». TOMA ICZKOVITS

Alex Perron impressionne

On croyait connaître toutes les facettes du talent d’Alex Perron en poussant la porte du Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis, mardi soir. Eh bien, l’humoriste est parvenu à nous surprendre (lire: nous renverser), dévoilant un talent de comédien exceptionnel en enfilant la perruque et les escarpins d’Albin. Il réussit à faire sien ce célèbre personnage, si bien qu’on en oublie par moments l’interprétation mythique de Michel Serrault.

Il faut dire qu’il est également particulièrement bien appuyé par un Marcel Leboeuf parfaitement investi dans la peau de Georges. La chimie entre les deux hommes permet de souder leur duo, créant une complicité propice aux échanges vaudevillesques hilarants et absolument jouissifs.

Quant au titre de la révélation du spectacle, il revient de plein droit à Timothée Galais-Bayonne. Fraîchement diplômé de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM, il impressionne par son jeu physique et son talent comique évident. Un nom à retenir, quoi.

Une ambiance de cabaret

PHOTO BRUNO LAPOINTE / LE JOURNAL DE MONTRÉAL

On s’en voudrait également de passer sous silence la présence de quatre reines montréalaises chargées d’installer une ambiance de cabaret de drag-queens autant dans les minutes précédant le spectacle que durant l’entracte, réchauffant l’atmosphère sur des airs empruntés à Diane Dufresne, Dalida, Nana Mouskouri ou encore Dolly Parton.

Du lot, Michel Dorion et Rainbow se démarquent, la première pour le professionnalisme qu’elle exsude et la seconde pour son charisme et son magnétisme indéniables.

Bref, on sort de cette Cage aux folles québécoise grisé, un sourire accroché au visage… et habité par un désir brûlant d’y retourner une seconde fois.


Le spectacle La Cage aux folles est présenté au Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis de Montréal jusqu’au 16 novembre. Une tournée provinciale devrait être annoncée prochainement.